Allaitement « J’utilise des vaches nourrices pour élever les génisses »
Sur les 80 vaches laitières de Pierre Pauchard, une vingtaine est dédiée à l’allaitement des veaux.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Depuis 7 ans, Pierre Pauchard, éleveur laitier à Beaurepaire-sur-Sambre (Nord) élève ses génisses de renouvellement sous vaches nourrices. Une manière de simplifier son système, tout en bénéficiant de performances de croissances intéressantes sur son troupeau en agriculture biologique.
L’adoption
Durant la période de vêlage, chaque lundi, l’éleveur sépare les derniers nés de leurs mères afin de procéder à l’adoption. Les vaches réclamant le plus leurs veaux sont sélectionnées comme vaches allaitantes. « C’est une bonne manière de juger de leurs qualités maternelles », note l’éleveur, qui prend garde à ne pas reconstituer les couples mères veaux originels. « Si une vache retrouve son veau, elle aura tendance à le favoriser. »
Pour créer du lien entre la mère adoptive et les veaux, tous sont réunis durant 48 heures dans une case d’adoption de 6 m². L’éleveur passe également de l’eau vinaigrée sur le dos des animaux afin de dissiper les odeurs. « Dans 80 % des cas, cela permet de créer du lien. Parfois, on retrouve même des « super-adopteuses » qui se laissent téter par tous les veaux ». Dans d’autres cas, le processus d’adoption échoue. L’éleveur réitère alors la manœuvre avec une autre nourrice.
Le sevrage
La phase lactée dure trois mois, ce qui permet d’atteindre des poids au sevrage compris entre 120 et 130 kg sur des veaux croisés. Pour le sevrage, mères et veaux sont rentrés en bâtiment, et enfermés dans deux cases se faisant face durant 48 heures. Ils retournent ensuite au pâturage. « C’est plutôt bruyant, sourit Pierre. C’est un peu comme s’ils rentraient à la maternelle, sauf qu’après deux jours, il n’y a plus de pleurs ! ».
Le retour à la traite est également un moment délicat. « Au début, elles retiennent leur lait ». Un retour à la normale est toutefois constaté dans les deux jours suivant le sevrage.
Vêlage à deux ans
Les performances de croissance ont motivé l’éleveur. « Nous voulions des veaux qui grossissent vite pour faire vêler les génisses à deux ans. Avec un système pâturant en bio, l’allaitement sous nourrice a été le seul moyen d’y parvenir. »
Seuls les animaux nés entre février et mai sont élevés de la sorte. L’objectif est d’avoir des veaux en état avant la période hivernale. En début de saison, les vaches adoptent jusqu’à trois veaux, puis deux afin que les derniers nés bénéficient d’une croissance rapide. En 2022, 50 veaux ont ainsi été élevés par 22 vaches nourrices.
Pierre note également une amélioration de la conduite sanitaire de son troupeau. « Je n’ai plus de problèmes de diarrhées ou de veaux qui se tètent entre eux ». Il apprécie le gain de temps permis par cette méthode. « Je ne nourris plus aucun veau au biberon, c’est une importante astreinte en moins ».
Des veaux plus « sauvages »
L’inconvénient majeur de la méthode reste l’absence de lien entre l’homme et l’animal. « Nous avons des veaux beaucoup plus sauvages » regrette l’agriculteur. Les génisses étant intégralement conduites au pâturage jusqu’au vêlage, l’éleveur a dû se doter de système de contention robuste afin d’orienter les animaux lors des premières traites.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :